Poipet n’est pas une ville où les touristes décident de s’arrêter faire une halte. C’est une ville qui regorge de casinos où les thaïlandais et chinois viennent volontiers y perdre, ou espérer gagner, c’est selon, de l’argent.
Nous décidons de nous y arrêter 2 nuits malgré tout. Cela nous laisse le temps de gérer l’arrivée dans un nouveau pays ; monnaie, téléphones, itinéraire… Nous y resterons même 3 nuits, la faute aux crudités ou pickles qui ont décidé de danser dans mon ventre. L’hôtel où nous sommes a une piscine sur le toit, les enfants ne se plaindront aucunement de la nuit supplémentaire.
Nous reprenons la route le 2 février, en direction de Siem Reap qui se trouve à un peu moins de 200 kilomètres. Le réseau routier cambodgien n’est pas riche ; nous avons le choix entre la grande route principale ou les chemins de terre rouge cabossés. Et ce sera à peu près toujours le même dilemme durant toute notre aventure au Cambodge.


Sur la route, nous sentons tout de suite que nous suscitons beaucoup de curiosité lors de nos pauses/arrêts dans les villages. C’est vite un attroupement autour de nous. Au début, c’est un peu déstabilisant puis on s’habitue, on y prend même plaisir. On ne compte plus le nombre de fois où nous finissons une étape sur les chapeaux de roue. En effet, souvent, nous nous arrêtons pour vérifier les derniers kilomètres de l’endroit pù nous allons dormir. Et le local, il veut aider ! Alors il nous propose de nous accompagner, mais pas à vélo, avec sa moto ou son scooter. Et c’est à ce moment, qu’on se dit qu’on va finir l’étape à 20km/h pour pouvoir suivre la gentille personne qui prend de son temps pour nous accompagner. Sauf qu’on arrive généralement dégoulinants à la guesthouse ! Rien à faire, on a beau dire que nous avons un GPS, les gens sont vraiment enthousiastes à l’idée de faire quelques kilomètres avec nous. Alors on accepte le coup de speed !

Nous voyons beaucoup plus de vélos qu’en Thaïlande. C’est même le principal moyen de transport des enfants pour se rendre à l’école.

Nous voyons aussi des chargements improbables !
Nous arrivons sur Siem Reap le 5 février. Cathie, mon amie d’enfance n’arrive que le 8. Nous capitalisons sur ces jours off pour faire travailler les enfants. Nous visitons également le centre d’une ONG, APOPO, qui entraîne des rats de Tanzanie pour détecter les mines, triste héritage des années de guerre. Il faut savoir que le rat est trop léger pour être détecté par les bombes et il réussit à repérer la matière explosive à tous les coups, 100% de réussite. Il est devenu un moyen de détection plus fiable que les détecteurs à métaux manuels. C’est ainsi que des millions de km² sont nettoyés par les rats au Cambodge.
Démonstration avec Bosco, un rat de Tanzanie
Puis ces 3 jours sont aussi l’occasion de dormir, jouer et se rafraîchir !
Notre petit moine

8 février, enfin, nous sommes vraiment heureux et excités d’aller chercher Cathie à l’aéroport ! Avec la propagation du Coronavirus en Chine, cela a failli être un RDV manqué. Cathie avait acheté ses billets d’avion auprès d’une compagnie chinoise et à quelques jours du départ, son vol a été annulé. Par chance, il restait des places auprès d’une autre compagnie. Elle est venue en vacances seule, sans ses enfants, mais elle a vite été entourée par les 3 mini mollets…
Elle se met à la mode « petits mollets »
Lecture dès le petit déjeuner
C’est la deuxième visite que nous avons de nos proches et à chaque fois le même ressenti. Que ça fait du bien !!! Quand nous sommes tous les 5, nous nous sentons « suffisants », parce que ce voyage, c’était avant tout pour nous recentrer tous les 5, vivre une aventure en famille, construire une expérience commune, qui nous liera pour toute notre vie.
Lorsque nous avons nos proches qui viennent nous voir, c’est se souvenir de tous nos amis, nos familles qui nous entourent au quotidien. Et c’est dans ces moments que nous réalisons combien ils nous manquent ! Lorsque Cathie est arrivée, nous avions l’impression de ne pas l’avoir vue depuis une éternité. L’échelle temps en voyage est clairement perturbée.
Nous avons décidé de rester sur Siem Reap pendant tout le séjour de Cathie. C’est actuellement la saison sèche, les rivières et lacs n’ont pas assez d’eau pour aller découvrir toute la vie dans les villages flottants. Nous aurions pu prendre des cars pour découvrir d’autres lieux, mais c’est vite des heures passées dans les transports. Et il y a beaucoup de choses à faire à Siem Reap !
Après une première journée passée au Musée National (que nous regrettons un peu car la visite est peu digeste pour les enfants), nous sommes allés à vélo (30km AR) visiter la Ferme de la Soie.
Il faut savoir que le Cambodge est un pays qui a longtemps été perturbé par les guerres successives et a été meurtri durant le règne des Khmers Rouges entre 1975 et 1979. C’est tout un pan de la population qui a disparu. Aujourd’hui, le pays se reconstruit, petit à petit, au travers de nombreuses initiatives de professionnalisation des jeunes. La ferme de la soie fait partie de ces organisations qui essaient d’offrir une formation de qualité aux jeunes des campagnes. Vous verrez d’ailleurs que presque toutes nos visites et activités au Cambodge émanent d’idées, de solutions « pour s’en sortir ». Former, qualifier, mieux rémunérer.
Lors de ette visite, nous serons 6 paires de yeux en pleine découverte ! De la chenille jusqu’au foulard en soie, nous découvrons comment la soie est faite. Un travail minutieux qui nécessite une multitude d’étapes. La ferme propose des visites en anglais et en français, gratuites. Les enfants auront l’audace de goûter les vers !
Les chenilles fabriquent leur cocon Après séchage au soleil (80% des cocons sont utilisés – 20% sont laissés dans la nature pour devenir des papillons), les premiers fils sont tirés. Bains de teinture Méthode « tie and dye » pour créer des motifs avec la coloration
11 février, nous consacrons notre journée aux Temples d’Angkor ! Ancienne capitale de l’Empire Khmer, ce site archéologique est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. L’Empire Khmer a été fondé au IXème siècle et les temples sont d’inspiration hindouiste et alternent entre bouddhisme et hindouisme selon le roi au pouvoir.
L’effondrement d’Angkor reste encore un mystère. Pas moins de 750000 habitants vivaient autour de ces temples. L’hypothèse la plus probable et avancée par les experts, est une catastrophe naturelle liée à l’eau qui a certainement précipité le départ des Khmers de l’époque.
Cathie et moi souhaitions visiter la majorité des temples. Nous avons donc pris un pass 3 jours, nous permettant d’accéder au site 3 fois sur une période de 7 jours. Nous avons embarqué Rose sur ces 3 journées, elle a suivi avec intérêt.
Première journée, nous faisons « la grande boucle » en Tuk Tuk. Premières impressions, c’est grandiose ! Nous avons adoré cette première journée. Sans les enfants, nous pouvons enchaîner les temples, sans lassitude. Ils ont chacun leur univers, leurs particularités. Avec la propagation du Coronavirus, il y a clairement moins de touristes. Nous profitons des temples parfois seules. Nous sommes loin du tourisme de masse ! Nous ne visiterons pas les 2 temples les plus connus cette journée, nous y reviendrons avec toute la clique, et à vélo !
Pre Rup Ta Prohm où les arbres et les ruines sont interdépendants
Nous revenons donc 2 jours plus tard avec Alexandre, Jeanne et Gustave. Nous visitons Angkor Vat et Angkor Tom, les 2 temples les plus célèbres. Visiter les temples à vélo est vraiment agréable. Le site est arboré, on peut s’arrêter facilement, de temple en temple. Nous ferons la « petite boucle » en parcourant 25 km.
Zoom sur Angkor Vat, datant XIIème siècle, c’est le plus grand temple du site et le mieux préservé. Les enfants se sont amusés à se cacher dans les ruines. Nous rencontrerons même une famille voyageuse, les Petits Voyageurs (http://www.lespetitsvoyageurs.fr/) que nous avions découvert lors d’un rassemblement de familles voyageuses en France, avant notre départ.

15 février, nous faisons la rencontre de Peng, sa femme et leurs 3 enfants. Ils nous emmènent dans leur quotidien, le temps d’une journée. Marché le matin (attention, il faut avoir le ventre accroché à 10 heures du matin !), nous choisissons avec Sokram, sa femme, les aliments qui nous serviront à cuisiner le déjeuner.
Peng nous fera visiter son village, un exemple d’économie circulaire où éleveurs de volailles, riziculteurs, maraîchers, éleveurs de bovins…etc vivent ensemble, vraiment. Par pudeur, nous ne prendrons que peu de photos.
Tableau électrique Signe que la journée a été riche en découvertes ! Nous nous sommes régalés avec du riz et du poulet au curry vert.
16 février, nous profitons de notre dernier jour de pass pour les temples pour aller visiter Bantaey Srei. Il est relativement éloigné de Siem Reap, 37 km, 1 heure de Tuk Tuk. Ce n’est pas le plus impressionnant de par sa taille mais remarquable de par la finesse de ses sculptures. Imaginez-vous jeune archéologue de l’Ecole Française d’Extrême Orient et vous découvrez cette pépite au milieu de la Jungle… en 1924. Car oui, ce temple tout en grès rose, n’a été découvert qu’en 1924 !
Le séjour de Cathie s’achève le 17 février. Nous devions l’accompagner à l’aéroport puis au dernier moment, plus assez de place pour nous dans le Tuk Tuk. Nous sommes déçus et en même temps, c’est presque mieux, nous esquivons nos émotions ! Car après 10 jours ensemble, elle aura été notre bulle de fraîcheur, de fantaisie et de franches rigolades. Nous savons que nous nous reverrons dans 5 mois, mais se dire au revoir est toujours autant difficile.

Nous reprenons la route le 18 février pour la capitale, Phnom Penh.

Nous venons juste de prendre cette décision il y a quelques heures ! Nous devions rejoindre le Laos, pour continuer sur le Vietnam. Notre souhait était par la suite de rejoindre le Japon, puis la Russie en bateau (et prendre le transsibérien), récupérer un bateau nous ramenant en Allemagne et pédaler jusqu’en France.
Avec le Coronavirus, nous souhaitons laisser plusieurs pistes actives. Entre les transports fonctionnant au ralenti et la potentielle difficulté à obtenir certains visas (russe particulièrement), nous décidons de pédaler vers le sud du Cambodge et le Vietnam, pays où nous souhaitons rester 2 mois, ce qui nous laisse le temps de voir les choses venir et d’aviser la suite du voyage vers fin avril.