Europe

#10 – de Ksamil à Athènes (du 07/11 au 17/11/2019) – Grèce

Nuit parfaite à Ksamil (même si nous nous sommes fait piégés par un faux propriétaire de notre réservation Booking, ça se terminera bien heureusement).

Nous partons de Ksamil sous la grisaille albanaise, comme pour mieux se dire au revoir. Nous passons la journée à mettre et défaire nos ponchos. Nous savons qu’il y a une côte raide avant la frontière, on se motive !

Sur le bac pour traverser une partie du lac. il fait gris mais un superbe arc en ciel apparaît
Passage de frontière un peu long, les véhicules sont fouillés à la sortie de l’Albanie
La Grèce nous accueille avec un magnifique soleil (temporaire)

L’étape du jour est de près de 60 kilomètres, on avance comme on peut. C’est un peu vallonné mais ça se fait bien. Nous souhaitons dormir à Igoumenitsa, grand hub portuaire et avons repéré un ferry qui doit nous emmener à Patras, à 400km au sud.

Nous arrivons à Igoumenitsa et allons directement au port pour réserver le ferry. Entre temps, Quentin et Mathilde, les cyclos marseillais, nous informent que les montées à bord des ferries à Igoumenitsa ne sont pas autorisées. Nous allons glaner quelques infos à la gare routière avant de rejoindre notre appartement, niché dans les hauteurs, nous poussons les vélos tellement les côtes sont raides.

Nous passons la soirée sur les sites des compagnies de ferries. Un peu entêtés, nous ne comprenons pas pourquoi les ferries s’arrêtent dans la ville où nous sommes et desservent Patras où nous voulons aller. Pourquoi ne pouvons-nous pas monter ? Après quelques appels et messages, nous devons admettre que cette liaison existe mais les montées sont bel et bien interdites pour un itinéraire intra-Grèce.

Nous comprendrons qu’il s’agit en fait de régulation du marché national/international et que la Police maritime veille au grain.

La journée suivante est particulière ! Nous errons un peu dans Igoumenitsa pour trouver une solution. C’est la première fois que nous sommes confrontés à cette situation : pas de solution naturelle et évidente.

Mais on retrouvera Mathilde et Quentin, qui sont dans la même situation que nous ! On squatte un café l’après midi à réfléchir et à jouer à des jeux de société. A plusieurs, le temps passe plus vite et on peut réfléchir ensemble à une solution pertinente. Nous pourrions pédaler jusque Athènes mais en se dépêchant (même en étant limite dans le temps) et nous n’en avons franchement pas envie. Mathilde et Quentin sont vraiment sympa et nous laissent la priorité dans le mode de transport choisi, car au total, nous sommes avec 6 vélos, le bus est par exemple impossible pour nous tous.

La patouille, toujours la patouille
Dominos, casse tête et écriture dans le carnet de voyage… On s’occupe 🙂

La solution, nous la trouverons en fin d’après midi. Le car, c’est la solution la + simple et la moins chère. Malheureusement, c’est trop hypothétique car le chauffeur n’accepte nos 4 vélos qu’à condition qu’il y ait la place. Et puis, le départ est à 20h30 pour une arrivée à Patras vers 1h du matin avec des hôtels super chers.

Nous décidons donc d’opter pour le ferry, idéal avec nos vélos. Seulement, comme dit plus haut, seules les liaisons internationales sont commercialisées. Nous devons donc réaliser un trajet un peu absurde pour avancer de 400 km en Grèce : Igoumenitsa/Bari (en Italie) puis Bari/Patras (en Grèce), à bord du même bateau. 32 heures !

Finalement ces 32 heures sont passées vite ! Nous avons dormi, traîné dans le bateau, c’était même chouette ! Un peu hors du temps 🙂

Héliport ou zone assez grande pour aller se défouler
Arrivée à Patras

Nous arrivons à 8h à Patras, il y a un super parc de jeux au port et voilà les petits mollets en train de sortir leur maison sur les tables de pique nique : réchaud, vaisselle, pain, céréales… Ce genre de moments qui ne nous pose plus trop de problèmes. Il faut avouer qu’au début, j’avais un peu de mal à déballer nos affaires en public , on prend vite de la place en étant nomade !

L’automne arrive avec ses belles couleurs

Nous roulons une trentaine de km pour atteindre un camping, seul dans le coin à être encore ouvert. Ce soir là, nous ne serons qu’avec un couple d’allemand dans le camping. Etre en basse saison c’est parfois la galère pour trouver un camping mais l’énorme avantage c’est qu’on a souvent les sites pour nous et les enfants sont quand même bien plus libres de leurs mouvements.

Le 12 novembre, nous quittons le camping toujours en direction d’Athènes. Les campings se faisant plus rares sur cette route, nous savons que nous allons bivouaquer ce soir.

Seconde passion après la patouille, jeter des cailloux

Nous avons repéré un « free camp » au bord de la plage, dans la ville de Diakopto. C’est un chouette concept, rare. Un bout de plage où le camping est autorisé, il y a même un point d’eau.

Nous arrivons vers 17h, le vent souffle, les vagues viennent se briser violemment contre les rochers au bord. Puis les éclairs et le tonnerre entrent en scène. Pour le bivouac, on repassera. Les enfants ont peur, moi je ne fais pas ma maline. Seul Alexandre est motivé pour planter la tente. Conseil de famille extraordinaire, la majorité l’emporte (facile !), on se dirige vers l’hôtel du coin.

Je dois avouer que je m’imaginais plus « roots », plus sauvage, plus téméraire que ça en termes de bivouac. A chaque fois, je (et les enfants aussi) sont en confiance quand il fait beau, que le spot est éloigné ou que nous avons l’aval des éventuelles personnes vivant autour. Sinon, c’est plus compliqué. Alexandre quant à lui serait prêt à piquer la tente un peu partout ! Et puis notre tente n’est pas autoportante, ce qui signifie que nous devons toujours avoir un coin de terre pour pouvoir piquer les sardines.

Nous profitons d’une bonne nuit dans un appart’hotel et profitons du wifi pour appeler la famille. Nous ressentons de plus en plus le besoin d’appeler nos familles même si les enfants sont vite très excités par tous les filtres et jeux que proposent les applications d’appels vidéo.

Le lendemain, 13 novembre, nous traînons le matin. Les filles décident à 10h de se laver les cheveux (après avoir réalisé que le dernier shampooing commençait à dater…). Bref, le genre de matin où on a envie de partir tôt et tout le monde a une bonne raison pour retarder le départ !

C’est à 11 heures que nous quittons l’hôtel et devons encore nous arrêter au supermarché. De toutes façons Corinthe est à 75 km, trop loin pour une étape, ce sera forcément deux journées de vélo.

Cette ville ne voulait clairement pas nous laisser partir ! Pendant que je fais les courses, Alexandre et les enfants se font inviter à boire un café et chocolat chaud par Christos. Je les rejoins, il me propose un café. Un peu gênée, je lui dis que je n’en veux pas et je me fais presque disputer « Warum ? » N’arrête-t-il pas de me dire. Il parle parfaitement allemand, il y a vécu il y a 30 ans. J’accepte le café. On baragouine tous les 6 en grec, allemand (mes vieux restes d’étudiante) et en anglais. Super moment.

Échange d’adresse (que nous n’arrivons pas à relire du fait de l’alphabet grec)

12h30, il faut partir, nous en oublierions presque que nous devons pédaler aujourd’hui !

Alors que nous voilà sur les vélos, le livreur de salade nous parle, intrigué devant le convoi. « Vous aimez la salade ? »

Et le voilà parti dans son camion pour nous offrir des crudités de sa société.

Nous repartons de ce village gonflés à bloc, très émus. Le voyage doit certainement décupler nos émotions mais, pour ma part (Aurélie), je remonte sur mon vélo avec les larmes aux yeux. Tant de générosité nous montre que l’Homme est bon.

Avant de partir, les mises en garde étaient nombreuses. Et puis il y avait tout ce qu’on voit dans les médias qui fait penser que le monde est dangereux.

Quand on part en voyage de la sorte, on imagine les situations défavorables et on essaie de s’en prémunir au maximum. Nous étions loin de nous imaginer que nous allions recevoir autant de marques de générosité. Le livreur de salades nous dira que ce n’est pas grand chose. Mais pour nous, c’est énorme. Au-delà de la valeur du don, il y a l’attention portée à l’autre.

Alors oui, c’est très « monde des bisounours ». Pourtant en 3 mois de voyage, les gens médisants ou peu bienveillants se comptent sur les doigts de la main. Les attentions, les dons se comptent par dizaines. Et il en faut peu pour émouvoir des petits mollets qui observent le monde sur leurs vélos 🙂

Des orangers partout

Nous pédalons quelques kilomètres aujourd’hui, 35 km, c’est une petite étape pour nous, alors on traine pas mal, on écoute de la musique et on chante, la route est peu fréquentée.

Nous avons repéré un spot pour bivouaquer grâce à une application de partage entre camping-caristes. D’habitude, on ne suit pas trop cette application car elle est destinée aux CC et vans et peu adaptée aux tentes. Là, en basse saison, il y a nettement moins de monde.

Superbe soirée pour nos 3 mois de voyage !

Montage de la tente
3 mois de voyage !
Observez le monde mes enfants
Bivouac prêt !

On débute la journée par un petit déjeuner sur la plage ; porridge, les enfants adorent. Rose n’est jamais très éloignée de sa liseuse.

Départ pour Corinthe ! Bon, au bout de quelques kilomètres, crevaison pour le tandem, pause forcée. Nous pouvons compter sur la gentillesse des grecs, Alex se fait aider par un monsieur dans la rue pour trouver facilement la crevaison dans la chambre à air.

Nous avançons jusque Kiato pour déjeuner. La ligne ferroviaire pour Athènes débute dans cette ville. Le train n’est pas le mode de transport le plus développé en Grèce ; cette ligne a été créée pour les JO d’Athènes en 2004.

Les enfants commencent à en avoir marre du vélo et nous le font savoir. Alexandre et moi, nous aimerions continuer à vélo, nous avons le temps d’atteindre Athènes avant l’arrivée de Mamy et surtout le soleil revient tout doucement.

Lorsque nous sommes partis, nous nous étions dits que le vélo serait notre mode de transport principal. Mais que l’avis des enfants serait prioritaire. Et il faut parfois admettre qu’il faut se faire aider, compléter par d’autres moyens de transport. Nous en parlons souvent d’ailleurs entre cyclos. Cette volonté d’avancer, de pédaler, comme si nous nous étions inconsciemment engagés dans une performance sportive. Il faut savoir prendre du recul et écouter ses enfants 🙂

Nous décidons donc de prendre le train jusqu’à Athènes. Cela chamboule nos plans. De toutes façons, si tout se déroulait comme nous le programmons, ce serait trop facile, trop monotone, non ?

Nous prenons pas mal de place dans le train, les vélos sont autorisés. Une dame mal aimable nous crie dessus, nous comprenons à son intonation qu’elle veut qu’on bouge nos vélos pour libérer des strapontins. Je m’exécute en râlant et en disant (en français) qu’elle peut demander les choses aimablement (bon OK, mes propos étaient moins polis). Et nous rigolons avec les enfants en disant qu’on peut dire ce que l’on veut, personne ne nous comprend de toutes façons.

Et bien un conseil, ne prenez pas la confiance, la communauté francophone est plus vaste que nous le pensons ! Cela vaut un petit fou rire avec deux congolais assis à côté de nous. « Ah mais vous parlez français ? ». Et là gros oups dans ma tête !

Ils sont venus chercher une vie meilleure en Grèce, avec femmes et enfants, et travaillent durement à décharger camions et bateaux au port pour quelques centaines d’euros par mois. Ils nous aideront gentiment à sortir du train avec les enfants et les vélos à Athènes.

Nous avons loué pour trois nuits un appartement pour se poser et réfléchir à la suite du voyage en Grèce. Il nous reste une dizaine de jours avant l’arrivée de mes parents et préférons visiter la ville avec eux.

Quand nous devons prendre des décisions, nous sommes accompagnés par un puissant lobby enfantin. Nous décidons donc de prendre le temps de visiter la région du Péloponnèse, très riche en histoire (Olympie, Sparte…) en louant une voiture. Les enfants sont ravis, surtout Jeanne, qui n’apprécie pas le vélo plus que ça et nous parlait depuis plusieurs semaines de faire une pause en voiture. Dans un voyage, il en faut pour tous les goûts. Pas la philosophie première de notre voyage, mais nous nous adaptons.

Nous profitons de ces 3 jours à Athènes pour régler la logistique du mini road trip à venir et se balader avec les enfants.

Rose prépare un contrôle de géographie sur la démographie dans le monde. Grâce à Mme Couly, professeur principal de Rose l’an dernier, Rose peut suivre l’avancement des cours comme ses copains en France. Nous avons acquis les manuels en format numérique du collège. Nous sommes très reconnaissants des professeurs et instituteurs engagés à nos côtés. Même les institutrices de la maternelle de Gustave nous suivent et nous accompagnent, vraiment chouette ! Un énorme merci !

Manger des sandwiches fraîchement préparés, au coin d’une rue, on adore !

Premier jour, virée au jardin national pour aller découvrir les aires de jeux (on ne les compte plus) et nous sommes allés voir la relève de la Garde devant le palais présidentiel. Elle a lieu toutes les heures et les gardes exécutent une marche plutôt étrange ! Nous reviendrons certainement pour la relève principale du dimanche, avec mes parents.

Ce qui est génial à Athènes, c’est que les traces du passé sont partout, magnifique.

Deuxième jour, nous organisons des activités pour les enfants, une nouvelle fois. Nous nous rendons au musée des enfants. Les enfants ont adoré, entre la ludothèque et la Cité des enfants à la Villette. Les enfants ont vraiment le droit de toucher à tout et le personnel les incite à tout découvrir. Le mini supermarché a eu un énorme succès auprès de nos 3 enfants. L’entrée du musée est gratuite !

3ème jour, la logistique. On dépose nos vélos dans l’appartement où nous résiderons dans 10 jours et nous récupérons notre voiture de location. Les enfants sont surexcités à l’idée de voyager en voiture. Les parents un peu moins, les vélos vont nous manquer !

La suite, dans le prochain article où nous partagerons avec vous nos aventures dans le Péloponnèse !