Europe

#8 – de Vitaljina à Ulcinj – Monténégro (du 15/10 au 25/10/2019)

Nous quittons la Croatie curieux de découvrir le Monténégro. C’est un pays que nous n’avons pas particulièrement étudié avant notre départ et qui nous est méconnu. Nous sommes accueillis au poste de frontière avec le sourire et ne savons pas trop à quoi nous attendre. C’est excitant cette sensation d’aller on ne sait finalement pas trop où !

Nous passons la première nuit dans un camping chez un particulier. C’est un vieux monsieur qui nous accueille, il baraguouine un peu dans toutes les langues. Nous camperons dans la forêt, les installations sont vétustes mais pratiques. Et nous ne serons pas seuls cette nuit là, chats, chiens et… certainement sangliers ont rôdé autour de la tente. Le tissu a beau n’être que de quelques millimètres, nous nous sentons en sécurité dans notre maison de paille, comme on en plaisante avec les enfants au coucher.

Le lendemain, 16 octobre, nous nous dirigeons vers Kotor. Nous prenons un bac pour traverser une baie, pas de pont ici.

C’est plat, on avance gaiement en longeant la côte et en découvrant au fil des kilomètres ce « fjord » à la mode méditerranéenne. Majestueux. On s’arrêtera plusieurs heures sur une petite plage pour se baigner et contempler cette immensité face à nous.

Pas de camping à Kotor, on dégote un appartement à louer pour 2 nuits, on constate que les prix ont baissé par rapport à la Croatie ! Comme d’habitude, on réserve à la dernière minute.

Le Monténégro n’appartient pas (encore) à la l’Union Européenne. Ce pays est, comme la Croatie, issu de la dislocation de la Yougoslavie. Pourtant c’est bel et bien l’€ qui circule comme monnaie. La côte y est (relativement) plate et longe une chaîne de montagnes accidentée.

Avec ses 600 000 habitants, nous découvrons un pays très chaleureux. Les gens s’arrêtent et nous posent des questions sur notre convoi. Le voitures nous klaxonnent, les commerces de rues nous crient « vive la France » ! ». C’est un peu inhabituel pour nous tout cet engouement autour de nous. Un peu déstabilisés, nous prenons goût aux klaxons rapidement !

Le 17 octobre, matinée intense à « l’école », Gustave aimerait réussir à écrire « sa » lettre, le G. On essaie déjà les lettres D, E et F, ça travaille ! Les filles travaillent assidûment, elles jouent globalement le jeu. Cela nous demande beaucoup de disponibilité ; au final, c’est aussi très plaisant pour nous d’expliquer (et de réviser) une multitude de notions à nos enfants. Pour finir la séance, Rose regarde un c’est pas sorcier sur l’adolescence et la gestion des émotions – prise de notes et exposé oral devant la famille. Je vous laisse deviner pourquoi… Nous sommes en plein dedans 🙂

Kotor se révèle magnifique. Ce jour là, nous avons de la chance, aucun bateau n’est en escale, la ville est peu bondée. Comme à leur habitude, les enfants prennent possession de la ville et nous nous laissons guider dans les petites ruelles. Kotor est connue pour son fort, ses « bouches » et ses chats ! Des centaines de chats errants rôdent dans les rues et ils sont vraiment attendrissants. Ils sont nourris et très respectés par les habitants de la ville.

Le lendemain, nous remontons sur nos vélos en direction de la ville de Budva. En étudiant notre itinéraire au Monténégro, nous constatons que nous ne resterons pas beaucoup de jours alors que nous nous y sentons vraiment bien. Nous décidons de faire des étapes de 2 nuits minimum à chaque fois, pour se poser et profiter de ce pays si agréable.

La sortie de Kotor se fait par un tunnel ou une route sinueuse et montagneuse (il faut franchir la montagne). Nous décidons d’emprunter le tunnel de 1,6km, avec beaucoup d’appréhension. Le vacarme de la ventilation et le bruit incessant des voitures ne nous rassure pas et nous fait pédaler très vite. En sortant, je suis impressionnée par Rose (regard de maman très objectif, évidemment). Les moments de vélo où nous ne pouvons pas beaucoup communiquer tous les 5 (grandes routes), sont pour moi de vrais moment de réflexion et d’introspection. Nous, adultes, réalisons notre rêve. Mais nous avons quand même embarqué nos 3 enfants ! Et nous ne les ménageons pas, ils traversent des moments qui font peur. Je réfléchis pendant les 30 minutes qui suivent ce tunnel et je me rends compte combien je suis fière de ma fille. Aurais-je traversé ce tunnel au même âge avec autant d’aplomb ?

La route qui s’ensuit est agréable, plate et le paysage montagneux en face est splendide. On s’arrête au bord de la route dès qu’on voit un fruit qui nous fait envie sur les étalages des commerces de rue. Un belle côte à monter avant de descendre pour atteindre Budva. On pousse les vélos sur quelques centaines de mètres.

Nous arrivons tôt sur Budva, en début d’après midi, nous nous arrêtons sur une aire de jeux en bord de plage. Moment simple comme nous les aimons. Papa tombe dans les bras de Morphée en un clin d’oeil.

Une des baskets de Gustave lui fait mal. M. Artdeladébrouille fouille dans ses sacoches. On s’apercevra bien plus tard de la différence de chaussures qui ne le gêne pas du tout.

Nous avions envie de tester une auberge de jeunesse. Et oui, nous n’avons plus 20 ans mais nous avions envie de rencontrer des personnes. Du coup, on tente dans une auberge de jeunesse proche de la plage. Normalement les enfants sont interdits. Les nôtres font leur + beau sourire et le patron donne son aval. Ils nous mettent à disposition un dortoir pour 7. Nous ferons de belles rencontres ce soir là ; un hongrois en sac à dos et un français en scooter. Ça fait du bien d’échanger autour du voyage, tous autour d’une table à cuisiner dans la cuisine commune.

Petit déjeuner à la grecque préparé par l’auberge

Nous pouvons laisser nos vélos à l’auberge pour la journée : nous nous rendons à Podgorica, la capitale du Monténégro. Nous nous y rendons pour récupérer la carte sim du téléphone perdu en Croatie, dans un magasin de vélo où nous avions prévu de passer. Ce sera un RDV raté, la lettre n’est pas arrivée (nous croyions à un miracle ce jour là car nous savions qu’elle n’était pas arrivée 2 jours avant, bref). Tant pis, on se dit qu’on trouvera forcément une solution, il y en a toujours.

Journée un peu longue (4h de bus) sans grand intérêt touristique. En plus nous achetons nos billets retour en ligne et le contrôleur de la gare routière ne veut pas nous laisser accéder aux quais. QR code connait pas le monsieur, il veut du papier… Nous voyant un peu décontenancés, il finira par nous laisser accéder au bus en nous faisant payer un accès aux quais avec un billet papier accompagnateur (1€ par personne, ben voyons). On se voyait déjà bloqués à Podgorica une nuit sans change ni rien.

Nous profitons le lendemain de Budva, il fait beau et chaud. La température de la mer est à 23 degrés, on se fait plaisir 🙂

Nous pédalons ensuite jusque la ville de Bar. Encore de magnifiques vues sur notre route. Nous rencontrerons un voyageur à moto, Hamad, qui vient de Dubaï et a prévu de sillonner l’Europe sur sa moto pendant 5 mois. Nous restons parler avec lui un moment. Il propose aux enfants de monter sur sa moto, ce qu’ils font avec joie.

Nous avions prévu de rester une nuit à Bar. Mais nous découvrons que le studio loué pour 12€ (oui oui, moins cher qu’un camping…) la nuit se trouve juste à côté de la gare de l’unique ligne ferroviaire du Monténégro (Bar – Belgrade) et qu’un train peut nous amener au Lac de Skadar. Dans le même temps, nous recevons un mail du magasin de vélo, la lettre est arrivée. Comme toujours, il y a des solutions à tout ! La ligne de chemins de fer passe par Podgorica. Comme un signe. Nous pensions ne pas pouvoir récupérer la carte SIM car nous nous sommes éloignés de la capitale. Et fortuitement, nous nous sommes arrêtés dans une ville où le train passe et pourra nous emmener au lac et à Podgorica. 22h30, j’envoie vainement un mail à Ivana, une jeune femme qui organise des tours en bateau sur le lac. Son nom revient sur tous les forums et il faut parfois réserver plusieurs mois avant. Elle nous confirme pouvoir nous emmener sur le lac avec 2 autres couples le lendemain à 10h30. Nous craignons quand même un truc attrape-touristes.

A partir de ce moment, nous vivons un moment fort de notre voyage, c’est sûr. Cette excursion sur le lac, c’était inattendu et c’est aussi ça qui rend l’émotion + vive. Nous embarquons avec Ivana, jeune fille de 19 ans et son papa aux commandes. Nous sommes avec un couple belge et un couple écossais. Nous partons pour 2 heures de bateau, on briefe les enfants. Nous, parents, nous demandons comment cela va se passer, nos enfants étant capables du meilleur… comme du pire !

Dès le début, nous sentons que les enfants sont les bienvenus et les 2 autres couples du bateau regardent les enfants avec le sourire. Ils s’essaient de plus en plus à l’anglais et ça fait toujours son effet.

Ce lac, c’est la pépite du Monténégro. Empli d’histoire, des combats sanglants entre les Monténégrins et les Turcs de l’Empire Ottoman s’y sont déroulés au 19ème siècle. Nous en apprendrons beaucoup sur Petar II Petrovich, l’une des figures les + emblématiques du Monténégro (prince-évêque).

Nous avons pu contempler plusieurs espèces d’oiseaux aussi, l’occasion d’apprendre des nouveaux mots anglais puisqu’Ivana nous explique tout en anglais. Les enfants prennent les commandes du bateau, nous vivons vraiment un moment extraordinaire. Ivana tombe sous le charme de Gustave et réciproquement, Gustave apprécie beaucoup Ivana. A son âge, les intentions sont vraiment sincère et il a du mal à quitter Ivana, il lui fera beaucoup de câlins avant de partir.

Jeanne a adoré prendre les commandes et le papa d’Ivana lui a fait confiance

Nous ne rentrons pas trop tard de l’excursion, maman part en train à Podgorica faire un AR express récupérer la fameuse carte SIM. C’est qu’aujourd’hui, tout est sécurisé sur les smartphones. Ne plus avoir de numéro français, c’est rendre encore + complexe les opérations bancaires faites depuis l’étranger. Bref, ce n’était pas une urgence mais cela devenait nécessaire pour procéder à des paiements en ligne.

Ce trajet, seule, de quelques heures, me permettra de repenser à mes craintes avant le départ. Allons-nous imploser en plein voyage ? Nous sommes de ceux qui aiment parfois leur moment d’indépendance. Et puis nos enfants ? Allons nous réussir à les accompagner/vivre ensemble H24 ? Pas d’école, pas de centre aéré, pas de Papy Mamy… Au bout de 2,5 mois de voyage, nous pouvons dire que c’est bien plus simple que cela n’y paraît. Papa ou maman profitent d’une virée courses ou autre si besoin de moment seul. Les enfants, quant à eux, ne sont ni pires ni mieux qu’en France. Ils sont juste eux mêmes. Les relations intra familiales évoluent et c’est avec grand plaisir que nous observons nos enfants se débrouiller par eux mêmes. Ils se connaissent et se donnent un coup de main naturel devant la difficulté de l’un ou de l’autre. Bien-sûr les chamailles sont toujours présentes. Pour le couple, les choses que l’on apprécie chez l’autre sont inchangées et idem pour les petites choses qui nous agacent 🙂

Les enfants viennent m’attendre à la sortie du train et nous nous retrouvons avec délectation. Nous concluons sur le même constat : nous n’aimons pas être séparés ! Nous verrons bien au fil du voyage mais pour le moment, rester ensemble nous convient vraiment.

Je regarde par la fenêtre du train pour prendre une photo de dehors et aperçois mon reflet. Mon vélo, un train, un sac de voyage sur le dos. Ma vie résumée en un cliché !


Dernière étape du Monténégro, Ulcinj. Nous trouvons un camping semble-t-il fermé et nous y installons pour la nuit. Ecole le lendemain matin avec vue sur la mer ! Les enfants se prennent d’affection pour une petite chienne qui veille sur eux comme une maman veille sur ses enfants.

Nous visitons Ulcinj le lendemain. Dès notre arrivée, un monsieur nous vante son appartement dans un anglais approximatif. En plein centre ville. Peu emballés, Alex va quand même visiter et négocie le prix un peu élevé. C’est bon, il y a une chambre avec 2 lits simples et un grand canapé dans le salon. Mais ça, c’est ce qu’Alexandre a compris ! Au final, une fois installés, on se rend compte que le monsieur reste dormir avec son frère dans la chambre et nous propose son canapé pour nous 5… Euh, y’a pas un blème là ? 5 sur un canapé !!! le gars nous dit « yes yes OK ». Fatigués, nous resterons et camperons dans son salon… Les aléas du voyage ! Conclusion sans appel des enfants : nous ne laisserons plus papa aller négocier seul 🙂

Les mines enjouées des filles…

Nous avons vraiment apprécié notre aventure au Monténégro. Authenticité, simplicité et splendeur des paysages. Pays méconnu dans standards touristiques, nous vous invitons à venir le découvrir. Une belle surprise pour nous, pas impossible que nous y revenions, pour explorer le nord du pays 🙂

14 réflexions au sujet de “#8 – de Vitaljina à Ulcinj – Monténégro (du 15/10 au 25/10/2019)”

  1. Wahou, quel voyage. J’ai encore fait un beau voyage devant ma tasse de café et je crois que j’aurait pu vous lire pendant des heures. Bonjour à vous 5 sous la pluie de Normandie, mais je vais avoir la « patate » pour la journée. Et ! les enfants, vous avez de super parents. Profitez à fond. Amitiés Pascal

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    1. Merci Pascal pour ce commentaire ! Nous avons vraiment beaucoup aimé ce pays et nous sommes ravis de partager ces aventures 🙂
      Belle journée en Normandie, on rêve d’un camembert ou d’un Neufchâtel !

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  2. Bravo Madame, Nous ne nous connaissons pas, j’avais vu votre départ sur FR3, je suis très admirative de toute votre famille. Ne vous posez pas trop de questions, vos enfants ont l’air top et ils savent apprécier les petits moments simples comme vous dites. Ce sont sans doute les meilleurs moments, ceux dont ils se souviendront toute leur vie. J’adore vous lire et j’attends toujours vos articles. Les rencontres et l’entraide me laissent croire qu’il reste encore un peu d’humanité, souvent les enfants sont les meilleurs des passeports. Prenez soin de vous tous.

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    1. Merci pour ce chaleureux message. En effet, nous sommes partis avec plusieurs craintes en tête mais plus le voyage avance, plus ces craintes s’estompent. Vous avez raison pour la gentillesse des gens autour de nous. C’est d’ailleurs une de nos motivations de ce voyage : nous prouver que le monde est beau et bon. C’est très « bisounours » et pourtant, nous n’avons eu que des échanges bienveillants avec les personnes rencontrées. Du moins on oublie vite les échanges moins sympas 🙂
      Merci en tous cas pour votre message qui nous fait chaud au cœur.

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  3. Magnifique témoignage que j’ai aussi lu avec délectation. J’avais visité dubrovnik et les bouches de kotor dans les années 80 avant la guerre, et par votre témoignage et vos photos, j’ai l’impression de revivre ces moments..
    Bravo aux enfants pour cette expérience de vie si riche.
    Amicalement

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  4. Ça fait envie !!!!
    Un plein d’émotions m’arrive tout droit du Monténégro en vous lisant , tout est doux tout est beau vos rencontres sont belles …. cette balade sur le lac
    Le regards sur les enfants ..sur la famille .. Wahou …
    les petits mollets vous êtes trop forts !!
    Bonne route à vous tous !!
    Hâte de lire la suite
    Bises
    Laurence

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  5. Coucou Aurélie ! Je suis trop contente pour vous de vous lire . Continuez à profiter de votre multitude de petits instants magiques et moins magiques 😊. Tu les racontes très bien, et nous les vivons avec vous.. bisous de cuba, dans un voyage vélo marche plage autrement plus conventionnel !! Gros bisous, vivez vos rêves. Edwige

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  6. Bravo Aurélie, c’est toujours un grand plaisir de te lire et de partager par ce biais un peu de votre aventure. Un grand bravo aux enfants qui assurent 🙂 et à vous les parents bien sûrs. Bises
    Pascal

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  7. Coucou les petits mollets !

    Et hop, je viens de prendre le temps de relire attentivement vos articles. Les plus jolies photos, symboles des régions que vous avez traversé, sont en cours d’impression 🙂 Il ne reste plus qu’à les afficher sur les cartes géantes (une au C.D.I. et une sur mon mur de classe) affichées au collège. Je vous envoie une petite photo dès que tout est prêt !
    En attendant, continuez à nous faire rêver et voyager !

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  8. Bonjour à toute la famille et merci à « maman mollets » pour les commentaires du journal de bord qui ne manquent jamais d’humour, ni d’optimisme…même dans les moments nettement moins… »confortables »!
    Nous voyageons avec vous , découvrons de magnifiques paysages, et partageons toutes ces belles rencontres qui font le « sel » du voyage…
    J’ai rencontré cette semaine la professeure d’hist/géo de Rose , et bien sûr, nous avons parlé de vous et de votre magnifique aventure familiale!
    .Bravo à tous, continuez de bien profiter et ici, on attend la suite des aventures!
    ( J’ai écrit à Gustave)

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